Yohan - Le coeur cousu

Publié le par Le club des théières

Soledad est née en Afrique du Nord, mais sa famille est originaire du sud de l’Espagne. Elle nous raconte l’histoire de celle-ci, en particulier celle de sa mère et de ses frères et sœurs, dont l’existence est marquée par une boîte. Cette boîte se transmet dans la famille de fille en fille, à l’âge adulte, et donne à chacune un pouvoir surnaturel. Cette histoire familiale hors du commun,  entre merveilleux et histoire espagnole, entre conte et réalité historique entraîne le lecteur au fond des grottes, le fait assister aux combats de coqs et lui fait surtout découvrir l’amour qui existe au sein de cette famille.


Voilà un beau roman très difficile à résumer, tellement il est foisonnant. L’histoire est racontée en trois livres. Le premier raconte la vie de Frasquita Carasco et de son mari, José. Frasquita est la mère de Soledad, et a plein d’autres enfants : Angela, Anita, Martirio et Clara, les filles, et Pedro El Rojo, le fils aux cheveux roux. José, obnubilé par un coq, Dragon Rouge, joue toute sa fortune dans les combats qu’il lui fait disputer, et va même jusqu’à perdre sa femme. Frasquita revient donc à Heredia propriétaire du coq vainqueur. Le deuxième livre est le départ de Frasquita, et sa vie avec les anarchistes dans les grottes. Le troisième livre raconte la traversée de la Méditerranée, et la vie en Afrique, avec notamment la naissance de Soledad.

 


Ce qui frappe immédiatement dans ce roman est la dimension merveilleuse du récit (il paraît qu’il ne faut pas confondre merveilleux et fantastique). Frasquita est une couturière hors pair, qui répare tout : un homme à son ombre, des robes de mariée qui assure pérennité au mariage, un coq à l’agonie… Elle arrive meme à deviner la dimension précise des robes que porteront ses filles le jour de leur mariage. Chacun des enfants aura lui aussi un don : Clara brille telle une luciole,… Il y a également l’image de l’ogre, celle des deux vieilles femmes du village qui aident les femmes à accoucher, ou à enterrer les morts. Tout le roman est truffé de scènes merveilleuses, où la peur se joint à l’étonnement.

 


Mais il y a également une dimension historique au récit. Outre la plongée dans l’Espagne rurale du début du XXeme Siècle, on assiste à distance aux combats entre anarchistes et troupes militaires, dont on peut supposer qu’ils sont les prémices de la guerre d’Espagne. Ce combat donne d’ailleurs lieu à une terrible scène dans les entrailles de la montagne, avec une course-poursuite démoniaque.

 


Si j’ai apprécié l’ensemble du roman, c’est le deuxième livre, plus historique, qui m’a le plus emballé. En discutant lors du Club des théières, Chiffonnette a insisté sur l’aspect très féminin du texte : les femmes, silencieuses, dirigent finalement toute la famille, de gré ou de force. Si cet aspect de la lecture ne m’a pas sauté aux yeux sur le coup, il est vrai que ce roman est un hommage aux femmes, à leur arrivée dans l’ âge adulte, mais il est tout à fait lisible par les hommes (je dis cela car je sais que c’est parfois une question qui se pose, même si je ne suis pas du tout persuadé qu’il y ait un sexe à la littérature).

 


Je remercie Laetitia pour le prêt du roman, qui m’avait parlé de l’analogie avec La maison aux esprits d’Isabel Allende. La parenté est évidente, mais Carole Martinez inverse la proportion merveilleux/historique pour donner la primauté à la première partie. Les billets sur ce livre commence à faire florès que les blogs, notamment chez Fashion, Emeraude…., et s’attire un joli petit succès, un an et demi après sa sortie !

Publié dans Le blogothéières

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