Dennis Etchinson, Les domaines de la nuit - Fashion Victim

Publié le par Le club des théières

2bb068dc99cd10e52fbf08409f4e82b4.jpg Pour la première réunion du Club des Théières, chers happy few, nous avions, après moultes tergiversations, choisi le thème de la nuit : il fallait lire un roman en rapport avec la nuit ou dont le titre contenait ce mot. Je voulais lire La nuit des rois du grand William mais, prise par le temps et par la deadline, je me suis retrouvée à fouiller frénétiquement dans ma très haute PAL quarante-huit heures avant la réunion, à la recherche d'un titre qui conviendrait. C'est alors que je suis tombée sur ce recueil de nouvelles de Dennis Etchinson, que j'avais en français, et qui s'intitule Les domaines de la nuit (et que j'avais acheté dans une braderie il y a très exactement 7 ans, comme quoi, il ne faut jamais désespérer).


Dennis Etchinson est un auteur très célèbre aux Etats-Unis pour ses recueils de nouvelles, que ce soit en tant qu'écrivain ou en tant qu'éditeur. Il a obtenu plusieurs prix prestigieux dont le très fameux World fantasy award pour la nouvelle qui donne son titre au recueil, Les domaines de la nuit (The dark country). Cette dernière met en scène Jack Martin, un personnage qui porte un nom assez récurrent chez Etchinson (et qui est aussi le pseudo sous lequel il a publié de nombreuses novelisations), qui assiste à un meurtre lors d'un séjour au Mexique : mauvaise traduction ou grande fatigue de ma part, cette nouvelle ne m'a pas emballée outre mesure et je n'ai pas vraiment compris de quoi il était question... Par contre, le reste du recueil vaut vraiment le détour : en 16 nouvelles, Etchinson campe des situations horrifiques qui ont toute pour point commun un quotidien qui tourne au cauchemar. Trois nouvelles, particulièrement horribles, ont pour sujet la peur de la médecine : La machine exige un sacrifice (The machine demands a sacrifice) met en scène un couple d'ambulanciers qui achève les accidentés de la route et leur vole leurs organes dans un futur apocalyptique, J'appelle tous les monstres (Calling all monsters) s'interroge sur le moment précis de la mort dans le découpage particulièrement atroce d'un homme pas tout à fait mort et La ligne de démarcation (The dead line) peint la souffrance d'un homme dont la femme a fait don de son corps à la science et qui est maintenue dans un état de coma végétatif avancé depuis deux ans pendant qu'on pille son corps de tous ses organes, de tous ses tissus et qu'on lui inocule des maladies afin d'en examiner le cheminement. Cette trilogie médicale est particulièrement saisissante, jouant sur la peur de ce qui se passe derrière les portes closes des blocs opératoires...


D'autres nouvelles m'ont fait frissonner, comme Seulement la nuit (It only comes at night), qui joue sur l'inquiétante étrangeté des aires d'autoroute, Assis dans un coin à gémir doucement (Sitting in the corner, Whimpering quietly) qui dépeint une mère atroce qui s'est servi de son petit garçon pour tuer son mari ou encore Le Faucon de Nuit (The Nighthawk) qui met en scène un jeune garçon possédé. Le boniment (The Pitch) et Offre spéciale du jour (Today's spécial) déplacent l'horreur dans des endroits familiers : le supermarché et la boucherie, avec une grande efficacité. Enfin, je décerne une mention spéciale à Filles de l'ouest (Daughter of the golden west), où des femmes cannibales et immortelles qui ont survécu à la malheureusement célèbre expédition Donner-Reed de 1846 attirent et dévorent des jeunes hommes, et aux Travailleurs de la Nuit (The late shift), où l'on apprend ce que l'on fait aux corps de la morgue avant qu'ils ne soient rendus à leur famille...


Un recueil éprouvant chers happy few, mais particulièrement intéressant, que je recommande à ceux qui ont le coeur bien accroché!


Dennis Etchinson, Les domaines de la nuit, Les belles lettres, Le cabinet noir


PS : l'édition française a l'air manifestement épuisée...
PS bis : la traduction française me paraît assez mauvaise : dans une nouvelle apparaît une pancarte intitulée "Cycle Sluts", et en note de bas de page le traducteur propose comme traduction "Les Lorettes de la bicyclette"!! Le traducteur vivrait-il dans les années cinquante ? Je pense que si je lis autre chose de Dennis Etchinson, ce sera en anglais...

Publié dans La nuit

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A
J'ai vu que dans l'administration des blogs on peut changer le nom de l'auteur à chaque article, dans les options. <br /> Bien pour un blog comme le vôtre.
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A
Excellente initiative de blog collaboratif.
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L
Merci!